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L'actualité politique, les médias et les communicants. Interview de Marie-France Réveillard.

Dernière mise à jour : 16 mai 2022

Comment est traitée l'actualité politique dans les médias panafricains? Quelle relation établir entre les journalistes politiques et les communicants ? On vous explique tout dans un notre entretien avec Marie-France Réveillard, journaliste Afrique - économie et politique.



Bonjour Marie-France, pouvez-vous vous présenter ?


Je suis journaliste reporter spécialiste des questions africaines. Je traite essentiellement de sujets économiques et politiques sur le continent africain, en particulier dans l’espace francophone. Je vis à Paris et j’ai vécu en Afrique du Sud, au Kenya et je voyage régulièrement sur le continent depuis plus d’une quinzaine d’années. Je travaille pour la presse écrite, et j’interviens également comme modératrice lors de conférences ou comme animatrice de rencontres dématérialisées (webinaires). Je suis diplômée d’un Master en Droit international avec une mention géopolitique, et d’un diplôme d’Analyse des Conflits avec une spécialisation sur les questions africaines.



Selon vous, comment se dessine le paysage de l’information africaine en France ?


La première chose à savoir est qu’il existe relativement peu de médias français qui suivent réellement l’actualité africaine. Jeune Afrique représente souvent la référence pour les “africanistes” en raison de son ancienneté. Parallèlement, les mass-médias comme Le Figaro, Le Monde ou Libération, traitent de l’actualité africaine de manière relativement marginale et très épisodique sur des rendez-vous bien précis.


Et puis, il y a aussi des spécialistes comme mes confrères de La Tribune Afrique ou du Point Afrique, liés à des journaux généralistes, qui ont développé des marques “Afrique” avec une rédaction dédiée qui suit l’actualité du continent au quotidien. Parallèlement, RFI en radio et France 24/TV5 pour la télévision, sont des médias avec une forte orientation “Afrique” et conservent une certaine influence sur le continent. Au niveau des “inside” il faut souvent se tourner vers “La Lettre A” ex-Lettre du Continent...



Quid des médias africains et panafricains sur le continent, en termes de traitement des sujets politiques en particulier ?


En Afrique, le traitement de l’information est beaucoup plus fouillé et précis, tous secteurs d’activité confondus, ce qui est normal car ces informations intéressent directement le quotidien des lecteurs, auditeurs ou spectateurs. Néanmoins, au niveau de la politique c’est beaucoup plus compliqué car dans certains pays, la liberté d’expression peut être synonyme de risque. Certains journalistes subissent parfois des injonctions de leur rédaction, voire dans certains cas, des pressions des autorités locales, régulièrement dénoncées par RSF.


Par ailleurs, alors que mes confrères locaux maîtrisent les tenants et les aboutissants d’un sujet et qu’ils en connaissent les acteurs, c’est bien souvent les journalistes internationaux qui ont la primauté des informations essentielles... Le Monde ou Bloomberg seront invariablement préférés aux médias locaux, y compris nationaux dans de nombreux pays, même s’ils n'envoient leurs journalistes qu’une fois dans l’année et s’appuient sur des fixeurs locaux (souvent des journalistes expérimentés). Le NY Times a reçu le prix Pulitzer l’an dernier pour son enquête sur le financement de la présidentielle à Madagascar grâce en grande partie, à la journaliste locale qui était leur fixeuse. Au moins, ont-ils eu l’honnêteté de partager leur prix avec elle. La différence de traitement dans l’accès à l’information est assez nette et de plus en plus mal vécue par nos confrères locaux.



Quelle est l’approche des conseillers en communication vis-à-vis de vous les journalistes ? Comment travaillez-vous avec eux ?


En Afrique que comme ailleurs, il y a les communicants qui facilitent les interactions avec les interlocuteurs locaux et d’autres qui, au contraire, les compliquent. Les premiers nous donnent des contacts utiles, facilitent les rendez-vous, nous donnent les agendas et des informations contextuelles. Mais comme il ne faut pas perdre de vue le fait que ces informations proviennent des communicants, c’est-à-dire de personnes rémunérées par les personnalités avec lesquelles nous souhaitons échanger, nous ne pouvons pas prendre leurs informations pour “argent comptant”. Nous confrontons donc systématiquement ces informations avec d’autres sources qui peuvent être des journalistes locaux, des analystes, des bailleurs multilatéraux, des opérateurs privés localement implantés, ou encore des représentants de la société civile.


Il arrive parfois que certains communicants bloquent les éléments portant à controverse qui peuvent nuire à leur client ou demandent à ne pas aborder telle ou telle question, ce qui incité les journalistes à en savoir plus. Mieux vaut préparer leur client à la communication de crise plutôt que d’essayer de censurer les journalistes, au risque que les sujets qui fâchent ne leur reviennent avec un effet boomerang…



Lorsque vous faites l’interview d’une personnalité politique, quelles sont vos attentes par rapport au contenu qu’il peut vous donner ?


On cherche tous la même chose : de la valeur ajoutée. On veut l'exclusivité. On cherche des angles différents, une analyse inattendue ou une annonce, mais aussi de la précision et des arguments. Il n’est pas toujours évident d’avoir une grande précision avec les personnalités qui délèguent les détails techniques à leurs assistants, ce qui entraîne parfois les journalistes dans des échanges empiriques...


De plus en plus de communicants ou de directeurs de cabinet exigent de recevoir les questions en amont, ce que beaucoup de journalistes acceptent mais ce qui les placent aussi dans une position inconfortable. Généralement, les journalistes évoquent seulement les grandes lignes de l’entretien à venir, car c’est “l’effet de surprise” qui permet une certaine spontanéité, même si l’échange peut aussi révéler des lacunes sur certains dossiers mal maîtrisés par les interviewés...


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